Peut-on travailler en étant en maladie professionnelle ?

Peut-on travailler en étant en maladie professionnelle ?

Un salarié reconnu en maladie professionnelle bénéficie d’un régime protecteur. En principe, il ne peut exercer aucune activité durant son arrêt de travail, sauf dérogation médicale expresse. La reprise est encadrée par le médecin du travail et peut passer par un temps partiel thérapeutique ou, en cas d’inaptitude, par une procédure de reclassement.

À retenir :

  • Pendant l’arrêt, toute activité professionnelle est interdite, sauf autorisation du médecin et accord de la CPAM.
  • La reprise nécessite une visite médicale obligatoire organisée par l’employeur.
  • Le temps partiel thérapeutique permet une reprise progressive avec maintien partiel de la rémunération.
  • En cas d’inaptitude médicale, l’employeur doit proposer un reclassement avant tout licenciement.
  • Le salarié conserve des droits renforcés : indemnités journalières, possibilité de rente en cas d’incapacité, prise en compte pour la retraite.

Comprendre la maladie professionnelle et ses impacts sur le travail

Définition légale et distinction avec l’accident du travail

La maladie professionnelle est définie à l’article L.461-1 du Code de la sécurité sociale comme toute affection résultant d’une exposition directe et habituelle à un risque lié à l’activité professionnelle. Elle se distingue de l’accident du travail par son caractère progressif : là où l’accident se manifeste de façon soudaine et violente, la maladie s’installe lentement, souvent après des années d’exposition.

Les pathologies reconnues comme professionnelles figurent dans un tableau de maladies professionnelles annexé au Code de la sécurité sociale. Ce tableau précise trois éléments :

  • la nature de la maladie,
  • le délai de prise en charge (délai maximal entre la cessation de l’exposition et l’apparition de la pathologie),
  • et les travaux susceptibles de provoquer ladite maladie.

Lorsque la maladie n’est pas inscrite dans un tableau, une reconnaissance demeure possible si le salarié établit un lien direct et essentiel avec son activité. Dans ce cas, le dossier est soumis à l’avis du Comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles (CRRMP).

Procédure de reconnaissance par la CPAM

La reconnaissance d’une maladie professionnelle se fait par l’intermédiaire de la CPAM (ou de la MSA pour le régime agricole). Le salarié doit adresser un formulaire accompagné du certificat médical initial établi par son médecin traitant. L’article L.461-5 du Code de la sécurité sociale impose parallèlement à l’employeur une obligation de déclaration dans un délai de quinze jours.

La caisse dispose alors d’un délai de trois mois pour statuer, délai pouvant être prolongé de trois mois supplémentaires en cas d’examens ou d’expertises. L’absence de réponse dans ces délais vaut décision implicite de rejet.

Le rôle des différents acteurs médicaux

  • Le médecin traitant : il diagnostique et initie la procédure par le certificat médical initial.
  • Le médecin conseil de la CPAM : il évalue le bien-fondé de la demande, contrôle la durée de l’arrêt et fixe le taux d’incapacité permanente en cas de séquelles.
  • Le médecin du travail : il intervient au moment de la reprise, en organisant la visite médicale et en préconisant, le cas échéant, un aménagement de poste.

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Conséquences juridiques de l’arrêt pour maladie professionnelle

Suspension du contrat de travail

Dès lors qu’un arrêt est prescrit, le contrat de travail est suspendu. Cette suspension entraîne plusieurs conséquences :

  • le salarié n’a plus à exécuter ses obligations de prestation,
  • l’employeur est libéré de son obligation de paiement du salaire, sauf dispositions conventionnelles plus favorables,
  • le salarié bénéficie du versement d’indemnités journalières par la Sécurité sociale, dès le premier jour, sans délai de carence (art. L.433-1 du Code de la sécurité sociale).

Maintien de certains droits

Pendant l’arrêt, le salarié continue d’acquérir des droits à congés payés, sauf dispositions particulières contraires. Les périodes indemnisées sont prises en compte pour la retraite, qu’il relève du régime général ou agricole.

L’employeur doit par ailleurs respecter son obligation de loyauté et s’abstenir de toute mesure discriminatoire liée à la reconnaissance de la maladie.

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Interdiction de principe

L’article L.323-6 du Code de la sécurité sociale interdit au salarié d’exercer une activité professionnelle pendant un arrêt de travail. Cette interdiction vise aussi bien une activité salariée qu’indépendante. Elle demeure applicable même si le salarié s’estime en capacité de travailler.

Risques en cas de non-respect

Le salarié qui contrevient à cette interdiction s’expose à :

  • la suspension des indemnités journalières,
  • le remboursement des sommes indûment perçues,
  • d’éventuelles sanctions disciplinaires de l’employeur pour manquement à l’obligation de loyauté.

Contrôles de l’organisme de sécurité sociale

La CPAM peut diligenter des contrôles :

  • visites du médecin conseil,
  • vérifications à domicile sur le respect des horaires de sortie,
  • enquêtes administratives en cas de suspicion d’activité occulte.

Exceptions possibles

Une seule exception existe : l’autorisation expresse du médecin, validée par la CPAM, permettant d’exercer une activité légère compatible avec l’état de santé. À défaut, toute activité demeure prohibée.

La reprise du travail après une maladie professionnelle

La visite médicale de reprise obligatoire

Prévue par l’article R.4624-31 du Code du travail, la visite médicale de reprise doit être organisée par l’employeur dès le retour du salarié. Elle intervient après un arrêt d’au moins 30 jours pour maladie professionnelle.

Cette visite a pour finalité :

  • de vérifier l’aptitude médicale du salarié à occuper son poste,
  • de proposer des aménagements en cas de restrictions,
  • ou de constater une inaptitude médicale.

Elle s’inscrit dans une démarche de prévention de la désinsertion professionnelle.

Le temps partiel thérapeutique

Le temps partiel thérapeutique, prévu à l’article L.323-3 du Code de la sécurité sociale, permet une reprise progressive. Il suppose :

  • une prescription du médecin traitant,
  • l’accord du médecin conseil,
  • la validation du médecin du travail,
  • et l’acceptation de l’employeur.

Pendant cette période, le salarié perçoit une partie de sa rémunération et des indemnités journalières complémentaires. La durée est limitée et fait l’objet de réévaluations régulières.

L’inaptitude et ses conséquences

Si le médecin du travail déclare le salarié inapte, l’employeur doit rechercher un reclassement (art. L.1226-10 du Code du travail). À défaut, un licenciement pour inaptitude peut intervenir.

Le salarié bénéficie alors :

  • d’une indemnité spécifique de licenciement, doublée en cas d’inaptitude d’origine professionnelle,
  • de l’indemnité compensatrice de préavis, bien qu’il ne l’exécute pas,
  • de droits au chômage.

Les droits du salarié en cas de maladie professionnelle

Indemnisation

Le salarié perçoit des indemnités journalières calculées sur la base du salaire de référence. Certaines conventions collectives prévoient un maintien de salaire complémentaire.

Rente ou capital en cas d’incapacité permanente

Si des séquelles subsistent, le salarié peut prétendre à une rente viagère ou à un capital, en fonction du taux d’incapacité permanente partielle (IPP) fixé par le médecin conseil.

Prise en compte pour la retraite

Les périodes indemnisées sont assimilées à des périodes d’assurance et validées pour la retraite. La maladie professionnelle permet ainsi de ne pas pénaliser la carrière.

Autres droits

Le salarié peut bénéficier de :

  • mesures de formation professionnelle pour faciliter un reclassement,
  • aides spécifiques de la part des organismes publics,
  • un accompagnement par le service de santé au travail.

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Obligations de l’employeur en cas de maladie professionnelle

Déclaration auprès de la CPAM

L’employeur doit déclarer la maladie professionnelle dans un délai de 15 jours (art. L.461-5 CSS). Le défaut de déclaration est sanctionné.

Organisation du retour et aménagement du poste

L’employeur doit suivre les recommandations du médecin du travail et mettre en place les aménagements nécessaires (horaires adaptés, réduction des charges, équipements spécifiques).

Obligation de sécurité

L’article L.4121-1 du Code du travail impose une obligation de sécurité. Tout manquement peut engager la responsabilité de l’employeur, y compris au titre de la faute inexcusable (art. L.452-1 CSS).

Sanctions en cas de manquement

Les risques sont multiples :

  • responsabilité civile,
  • responsabilité pénale,
  • contentieux prud’homal.

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Questions fréquentes des salariés en maladie professionnelle

Est-ce que je perds mes primes en cas de maladie professionnelle ?

La règle dépend de la nature de la prime.

  • Les primes ayant un caractère de salaire (ancienneté, rendement, panier, treizième mois) doivent être maintenues pendant l’arrêt. Elles sont considérées comme un complément de rémunération lié au contrat de travail et non à la présence effective.
  • En revanche, les primes d’assiduité ou de présence peuvent être suspendues, car elles sont directement conditionnées à la présence du salarié dans l’entreprise.
    En cas de litige, la jurisprudence apprécie la nature de la prime au cas par cas, sur la base du contrat, de la convention collective et des usages internes.

Quelle est la durée du temps partiel thérapeutique ?

Le temps partiel thérapeutique n’a pas de durée maximale fixée par la loi. Il est prescrit par le médecin traitant et validé par le médecin conseil de la CPAM. En pratique, il est accordé pour quelques mois (3 à 6 mois en moyenne) et peut être renouvelé si l’état de santé le justifie.
Chaque prolongation nécessite une nouvelle prescription et une validation de la caisse. L’accord de l’employeur et l’avis du médecin du travail demeurent également indispensables.

Peut-on cumuler arrêt maladie professionnelle et formation ?

Oui, mais sous conditions strictes. Le salarié peut suivre une formation professionnelle durant son arrêt maladie professionnelle si :

  • le médecin traitant estime que la formation est compatible avec son état de santé,
  • le médecin du travail confirme l’absence de risque,
  • et la CPAM ne s’y oppose pas.

La formation peut être un levier pour la réinsertion professionnelle, notamment lorsqu’un retour à l’emploi initial n’est pas envisageable. Dans ce cas, elle peut être financée via le Conseil en évolution professionnelle (CEP), le CPF ou par des dispositifs spécifiques de maintien dans l’emploi.

Quel est le délai de reconnaissance d’une maladie professionnelle ?

La CPAM dispose en principe de trois mois pour instruire la demande à compter de la réception du dossier complet. Ce délai peut être prolongé de trois mois supplémentaires si la caisse doit mener des investigations ou recourir à une expertise médicale.
L’absence de réponse dans les délais vaut décision implicite de rejet. Le salarié conserve toutefois la possibilité de contester cette décision devant la commission de recours amiable, puis, si nécessaire, devant le pôle social du tribunal judiciaire.

Comment reprendre le travail après une maladie professionnelle ?

La reprise doit impérativement passer par une visite médicale de reprise organisée par l’employeur. Le médecin du travail peut :

  • déclarer le salarié apte à reprendre son poste ;
  • le déclarer apte avec réserves, ce qui oblige l’employeur à aménager le poste ;
  • ou constater une inaptitude, totale ou partielle.

En cas d’inaptitude, l’employeur a l’obligation de rechercher un reclassement, adapté aux capacités restantes du salarié. Si aucun poste n’est possible, il peut engager une procédure de licenciement pour inaptitude. Dans ce cas, le salarié bénéficie d’indemnités renforcées, notamment une indemnité spéciale doublée (art. L.1226-14 du Code du travail).

Est-ce que la maladie professionnelle est reconnue à vie ?

La reconnaissance d’une maladie professionnelle vaut pour toute la durée des conséquences médicales liées à cette pathologie. Toutefois, la CPAM peut réévaluer l’état de santé du salarié, notamment lors de la fixation ou de la révision du taux d’incapacité permanente.
En cas d’aggravation, le salarié peut demander une révision de son taux d’IPP, ce qui entraîne une revalorisation de sa rente. À l’inverse, une amélioration notable peut conduire à une diminution du taux.

Quel est le montant de la rente en cas d’incapacité permanente ?

Le montant dépend du taux d’incapacité permanente partielle (IPP) retenu par le médecin conseil.

  • Si l’IPP est inférieur à 10 %, le salarié perçoit un capital forfaitaire.
  • Si l’IPP est supérieur ou égal à 10 %, il bénéficie d’une rente viagère, calculée sur la base du salaire annuel de référence et du taux d’incapacité.
    Cette rente peut être majorée en cas de reconnaissance de la faute inexcusable de l’employeur.

Peut-on être licencié pendant un arrêt maladie professionnelle ?

En principe, l’arrêt maladie suspend le contrat de travail et protège le salarié contre le licenciement. Toutefois, deux exceptions existent :

  • si l’employeur justifie d’une faute grave du salarié sans lien avec la maladie ;
  • si la maladie entraîne une désorganisation de l’entreprise et rend nécessaire le remplacement définitif du salarié (jurisprudence constante de la Cour de cassation).

En revanche, à l’issue de l’arrêt, si le salarié est déclaré inapte et qu’aucun reclassement n’est possible, l’employeur peut procéder à un licenciement pour inaptitude.

Qui décide de la reconnaissance d’une maladie professionnelle ?

La décision appartient à la CPAM (ou à la MSA pour le régime agricole), après instruction du dossier. Elle s’appuie sur le certificat médical initial et sur le tableau des maladies professionnelles.

  • Si la pathologie figure dans un tableau et que toutes les conditions sont réunies (travaux, délais, diagnostic), la reconnaissance est quasi automatique.
  • Si la maladie ne figure pas au tableau, ou si les conditions ne sont pas remplies, le dossier est transmis au Comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles (CRRMP). Ce comité, composé de médecins experts, rend un avis sur l’existence d’un lien direct et essentiel entre la maladie et l’activité professionnelle.

Quels sont les risques pour l’employeur en cas de manquement ?

Un employeur qui néglige ses obligations en matière de maladie professionnelle s’expose à plusieurs types de sanctions :

  • Responsabilité civile : le salarié peut demander la reconnaissance de la faute inexcusable de l’employeur (article L.452-1 du Code de la sécurité sociale). Dans ce cas, la rente est majorée et le salarié peut obtenir la réparation intégrale de ses préjudices.
  • Responsabilité pénale : des poursuites peuvent être engagées pour mise en danger d’autrui ou infractions aux règles de sécurité.
  • Responsabilité prud’homale : l’employeur peut être condamné à des dommages et intérêts s’il ne respecte pas la procédure de reprise, de reclassement ou s’il licencie de manière abusive un salarié malade.

Comment est calculée l’indemnité journalière en cas de maladie professionnelle ?

L’indemnité journalière (IJSS) est calculée différemment de celle due en cas de maladie simple :

  • Elle correspond à 60 % du salaire journalier de base pendant les 28 premiers jours, puis à 80 % à partir du 29ᵉ jour.
  • Le salaire de base est établi à partir de la moyenne des salaires bruts perçus lors des 12 mois précédant l’arrêt, dans la limite du plafond de la Sécurité sociale.
  • À noter : contrairement à la maladie non professionnelle, il n’existe aucun délai de carence. Le salarié est indemnisé dès le premier jour d’arrêt.

Quels droits pour la retraite en cas de maladie professionnelle ?

Les périodes indemnisées au titre d’une maladie professionnelle sont assimilées à des périodes de travail. Elles permettent donc de :

  • valider des trimestres de retraite, même sans cotisations effectives,
  • ouvrir des droits dans le cadre du régime général ou du régime agricole,
  • bénéficier, en cas d’incapacité permanente d’au moins 20 %, d’une retraite anticipée dès 60 ans (sous conditions).
    Ainsi, l’arrêt pour maladie professionnelle ne pénalise pas la carrière du salarié, contrairement à certaines périodes d’inactivité.

Que faire si la CPAM refuse de reconnaître la maladie professionnelle ?

Le salarié dispose de plusieurs voies de recours :

  1. Recours amiable devant la commission de recours amiable (CRA) de la CPAM, dans un délai de deux mois à compter de la notification du refus.
  2. Recours contentieux devant le pôle social du tribunal judiciaire si la CRA rejette la demande ou ne répond pas dans le délai d’un mois.
  3. En cas de litige sur le taux d’incapacité permanente, une expertise médicale peut être sollicitée.
    L’assistance d’un avocat en droit du travail et de la sécurité sociale sur la ville de Versailles est vivement conseillée pour défendre efficacement le dossier.

Quelle différence entre une rechute et une nouvelle maladie professionnelle ?

La rechute correspond à l’aggravation ou à la réapparition des symptômes d’une maladie professionnelle déjà reconnue. Elle doit être déclarée à la CPAM par un certificat médical de rechute, ce qui permet au salarié de bénéficier à nouveau d’un arrêt de travail indemnisé ou d’une prise en charge des soins.
En revanche, une nouvelle maladie professionnelle est une pathologie distincte, même si elle touche la même zone du corps ou résulte d’un contexte professionnel similaire. Elle nécessite une procédure complète de reconnaissance.

Le salarié peut-il refuser un reclassement après une maladie professionnelle ?

Oui, le salarié peut refuser une proposition de reclassement si elle n’est pas conforme aux préconisations du médecin du travail ou si elle modifie substantiellement son contrat de travail (rémunération, qualification, lieu). Toutefois, si le refus est injustifié et que l’employeur a rempli son obligation de recherche loyale, il peut procéder à un licenciement pour inaptitude.
Dans ce cas, le salarié conserve le bénéfice de l’indemnité spéciale doublée prévue à l’article L.1226-14 du Code du travail, mais il perd la possibilité de contester efficacement le licenciement.

Peut-on cumuler une rente pour maladie professionnelle et une activité professionnelle ?

Oui, le cumul est possible. La rente attribuée en cas d’incapacité permanente vise à compenser la perte de capacité de gain liée à la maladie. Elle peut être perçue en parallèle d’une reprise d’activité, y compris dans un poste aménagé ou différent.
Toutefois, la reprise d’une activité professionnelle peut conduire la CPAM à réexaminer la situation, notamment si l’état de santé s’est amélioré. En cas d’aggravation, le salarié peut également demander une révision du taux d’incapacité et donc une augmentation de la rente.