Peut-on travailler pendant une rupture conventionnelle ? Analyse juridique et implications pratiques

Travailler pendant une rupture conventionnelle est possible, mais encadré

  • ✅ Le contrat de travail reste en vigueur jusqu’à la date de rupture fixée par la convention ; toute activité parallèle est soumise à l’obligation de loyauté prévue à l’article L. 1222-1 du Code du travail.
  • ✅ Il est possible de travailler ailleurs, à condition qu’il n’existe pas de clause d’exclusivité ou de non-concurrence, et sous réserve de ne pas exercer d’activité concurrente ou nuisible à l’employeur.
  • ✅ L’accord écrit et préalable de l’employeur est fortement recommandé pour éviter toute contestation ou remise en cause de l’indemnité spécifique de rupture.
  • ✅ En cas de doute, il est essentiel de prendre attache avec un avocat en droit du travail, notamment pour sécuriser la création d’entreprise ou un emploi chez un nouvel employeur pendant cette période sensible.

La question de savoir s’il est possible de travailler pendant une rupture conventionnelle soulève d’importants enjeux juridiques. Si cette forme de rupture du contrat de travail repose sur le principe du consentement mutuel, elle n’en demeure pas moins encadrée par des règles strictes qui exigent une grande prudence dans l’exécution du contrat jusqu’à sa rupture effective.

La rupture conventionnelle : rappels sur le cadre légal

La rupture conventionnelle est une modalité de rupture du contrat de travail à durée indéterminée, introduite par la loi n° 2008-596 du 25 juin 2008 et codifiée à l’article L. 1237-11 du Code du travail. Elle repose sur un accord bilatéral entre le salarié et l’employeur, en dehors de tout contentieux.

Pour être valable, la convention doit :

  • Être fondée sur un consentement libre et éclairé des deux parties ;
  • Faire l’objet d’au moins un entretien préalable (article L. 1237-12) ;
  • Être homologuée par la Direction départementale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (DDETS) après un délai de rétractation de 15 jours calendaires.

Il convient de préciser que la rupture conventionnelle n’a pas d’effet immédiat. Le contrat de travail n’est rompu qu’à la date fixée par les parties dans la convention. D’ici là, le contrat demeure juridiquement en vigueur.

Le contrat de travail est-il toujours en vigueur pendant la rupture conventionnelle ?

La réponse est affirmative. Jusqu’à la date convenue de rupture, le contrat de travail est pleinement exécutoire. Il produit tous ses effets en matière de rémunération, de subordination et de loyauté.

Le salarié demeure ainsi tenu :

  • D’exécuter ses missions conformément à son contrat ;
  • De respecter ses horaires et les consignes de l’employeur ;
  • De faire preuve de loyauté dans l’exécution du travail (article L. 1222-1 du Code du travail).

De son côté, l’employeur doit poursuivre le versement du salaire, maintenir la protection sociale et faire respecter le règlement intérieur.

Il convient de rappeler que toute absence injustifiée ou tout abandon de poste durant cette période peut être considéré comme une faute disciplinaire, susceptible d’entraîner une rupture pour faute grave si elle est constatée avant l’homologation définitive. Ce risque est d’autant plus élevé si la rupture conventionnelle n’a pas encore été validée par l’autorité administrative compétente.

Ainsi, tant que la convention n’a pas produit ses effets, les obligations contractuelles demeurent strictement applicables, et toute activité parallèle doit être soigneusement encadrée, voire autorisée par l’employeur.

Peut-on cumuler un autre emploi pendant la période de rupture conventionnelle ?

La période précédant la date effective d’une rupture conventionnelle demeure une phase contractuelle à part entière. Elle n’autorise en aucun cas une liberté totale d’action du salarié, notamment en matière d’activité professionnelle parallèle. L’exercice d’un emploi secondaire pendant cette période est strictement encadré par le droit.

Le principe de loyauté : une obligation persistante

L’article L. 1222-1 du Code du travail impose au salarié d’exécuter son contrat de bonne foi. Cette exigence implique, notamment, une obligation de loyauté envers l’employeur jusqu’à la rupture effective du contrat. Par conséquent, exercer un autre emploi sans l’accord préalable de son employeur peut constituer une violation de cette obligation.

La clause d’exclusivité : une interdiction contractuelle explicite

Certains contrats de travail contiennent une clause d’exclusivité, laquelle interdit toute activité salariée ou indépendante, même sans lien concurrentiel, pendant l’exécution du contrat. Cette clause, lorsqu’elle existe, s’applique pleinement jusqu’à la date de fin du contrat, même en cas de procédure de rupture conventionnelle en cours.

Les exceptions au principe d’interdiction

Cependant, quelques hypothèses peuvent tempérer cette interdiction :

  • En l’absence de clause d’exclusivité, un salarié pourrait exercer une activité secondaire, à condition qu’elle ne porte pas atteinte aux intérêts de l’employeur ;
  • L’activité exercée ne doit en aucun cas être concurrente, ni détourner la clientèle ou les informations confidentielles ;
  • Le consentement exprès de l’employeur permet également de sécuriser la situation ;
  • Enfin, un salarié à temps partiel, ou exerçant des fonctions de cadre dirigeant, pourra parfois cumuler des emplois, selon les modalités contractuelles spécifiques.

Quels risques en cas de cumul d'activité non autorisé pendant la rupture conventionnelle ?

L’exercice non déclaré ou non autorisé d’une activité pendant la période de pré-rupture peut exposer le salarié à des conséquences disciplinaires et juridiques non négligeables.

Faute disciplinaire avant la rupture

Si le cumul d’activités est découvert avant la date effective de rupture, l’employeur reste en droit de mettre fin à la procédure de rupture conventionnelle et, le cas échéant, d’engager une procédure disciplinaire pour manquement à l’obligation de loyauté. Une faute grave pourrait être invoquée dans les cas les plus sensibles.

Nullité de la convention pour vice du consentement

La dissimulation volontaire d’une activité parallèle pendant la procédure de rupture conventionnelle peut être analysée comme un vice du consentement. En cas de preuve de dissimulation, la convention pourrait être annulée, compromettant l'indemnité perçue et le droit à l’ARE.

Risque de requalification du départ

En présence d’un désaccord sur les circonstances de la rupture, notamment si l’activité secondaire a été dissimulée, le départ pourrait être requalifié en démission déguisée, voire en licenciement irrégulier, ce qui complexifie considérablement le sort indemnitaire et les droits à l’assurance chômage.

Pour éviter tout risque contentieux, il est fortement recommandé de prendre attache avec un avocat en droit du travail à Versailles, en particulier lorsque le projet professionnel du salarié implique une transition rapide vers une autre activité.

Peut-on créer une entreprise pendant la procédure de rupture conventionnelle ?

La rupture conventionnelle, encadrée par les articles L. 1237-11 à L. 1237-16 du Code du travail, permet à un salarié en contrat à durée indéterminée de convenir d’un commun accord avec son employeur des conditions de la rupture de la relation contractuelle. Toutefois, ce dispositif n’exonère pas le salarié des obligations qui lui incombent jusqu’à la date effective de rupture du contrat.

Une liberté encadrée par les engagements contractuels

En principe, la liberté d’entreprendre constitue un droit fondamental reconnu à toute personne. Néanmoins, pour le salarié engagé dans une procédure de rupture conventionnelle, cette liberté reste subordonnée au respect des clauses contractuelles en vigueur jusqu’à la rupture du contrat. Il ne saurait être question de démarrer une activité concurrente ou incompatible avec les intérêts de l’employeur sans risquer de se placer en situation de faute.

Ainsi, il est impératif de vérifier la présence d’une éventuelle clause d’exclusivité ou d’une interdiction d’activité accessoire dans le contrat de travail. Le non-respect de ces dispositions pourrait justifier, avant l’homologation de la convention, une remise en cause de la rupture conventionnelle, voire engager la responsabilité du salarié.

Salarié créateur : quelles incidences en cas de dispositif ACRE ou ARCE ?

De nombreux salariés en instance de rupture conventionnelle envisagent de bénéficier de l’Aide à la création ou à la reprise d’entreprise (ACRE) ou de l’Aide à la reprise ou à la création d’entreprise (ARCE). Ces dispositifs, pilotés par France Travail (ex-Pôle emploi), permettent sous conditions :

  • Soit de percevoir une partie des droits à l’ARE sous forme de capital (ARCE) ;
  • Soit de bénéficier d’une exonération partielle de charges sociales (ACRE).

L’accès à ces mécanismes suppose que la création effective de l’entreprise intervienne après l’ouverture des droits à l’ARE. Il est donc conseillé, dans un objectif de sécurisation juridique et financière, de reporter le démarrage réel de l’activité à une date postérieure à la fin du contrat de travail. Cela évite toute contestation de la convention ou tout blocage administratif dans la gestion du dossier.

Recommandations pratiques avant de commencer une nouvelle activité

Avant de s’engager dans la création ou le lancement d’une nouvelle activité professionnelle pendant la procédure de rupture conventionnelle, plusieurs précautions s’imposent.

Vérification du contrat de travail

  • Examiner si une clause d’exclusivité interdit toute autre activité salariée ou entrepreneuriale.
  • Identifier l’éventuelle présence d’une clause de non-concurrence, qui pourrait restreindre certaines activités post-rupture.

Obtenir un accord explicite de l’employeur

  • En cas de doute, il est recommandé de solliciter une autorisation écrite de l’employeur pour exercer une activité accessoire pendant la période pré-rupture.
  • Cette autorisation permet de sécuriser juridiquement la situation du salarié en cas de litige ultérieur.

Maîtriser le calendrier de la procédure

  • La date d’homologation par l’administration détermine le point de départ du préavis suspendu.
  • La date d’effet de la rupture, indiquée dans la convention, fixe le terme du contrat.
  • Toute activité nouvelle, notamment en lien avec la future création d’entreprise, devra idéalement débuter après cette date pour éviter tout manquement à l’obligation de loyauté.

Dans ce contexte, il est vivement conseillé de prendre attache avec un avocat en droit du travail, notamment lorsque le projet de reconversion professionnelle ou de création d’activité s’inscrit dans une temporalité proche de la rupture. Une anticipation rigoureuse des enjeux juridiques permet d’éviter de nombreuses difficultés.

Est-il possible de travailler ailleurs pendant la période de rupture conventionnelle ?

La rupture conventionnelle constitue un mode spécifique de rupture du contrat de travail à durée indéterminée, reposant sur un accord mutuel entre l’employeur et le salarié (article L. 1237-11 du Code du travail). Elle se distingue tant du licenciement que de la démission, par sa nature consensuelle et sa procédure strictement encadrée.

Durant la période comprise entre la signature de la convention et sa date de prise d'effet, le contrat de travail reste pleinement applicable. À ce titre, le salarié demeure soumis à ses obligations contractuelles, et notamment à l’obligation de loyauté visée à l’article L. 1222-1 du Code du travail.

Ainsi, travailler ailleurs durant cette période n’est pas interdit en soi, mais soumis à plusieurs conditions :

  • L’absence de clause de non-concurrence ou d’exclusivité dans le contrat initial ;
  • L’accord exprès de l’employeur actuel si l’activité est exercée parallèlement ;
  • Le respect des dispositions de tout accord collectif applicable à l’entreprise.

À défaut, le salarié s’expose à un risque de remise en cause de la procédure, pouvant aller jusqu’à la nullité de la convention ou à la requalification du départ en faute grave, avec perte de l’indemnité spécifique de rupture.

A lire : peut-on procéder à une rupture conventionnelle en arrêt maladie ?

Comment demander une dispense de travail pendant cette période ?

Il est fréquent que les parties conviennent, d’un commun accord, de libérer le salarié de son obligation de travail avant la date effective de la rupture.

Cette possibilité, bien que non prévue expressément par les textes, est admise sous certaines conditions :

  • Une demande claire et écrite doit être formulée par le salarié à l’employeur ;
  • L’accord des deux parties est impératif : il ne peut y avoir de dispense de travail unilatérale ;
  • Il est conseillé de formaliser cet accord dans un avenant à la convention de rupture ou dans un courrier signé des deux parties.

La procédure de rupture conventionnelle, telle qu’encadrée par les articles L. 1237-12 et suivants du Code du travail, impose le respect des délais de rétractation, d’homologation, et ne peut être remise en cause que pour vice de consentement ou irrégularité substantielle. Le représentant du personnel, s’il existe, peut être sollicité à titre consultatif mais n’a pas de rôle décisionnaire.

Quels sont les pièges à éviter pendant cette procédure de rupture conventionnelle ?

La période précédant la fin du contrat est juridiquement sensible. Plusieurs erreurs classiques doivent être évitées lors d'une période de rupture conventionnelle pour ne pas fragiliser la convention :

  • Exercer une activité pour un nouvel employeur sans autorisation, en violation d’une clause contractuelle ;
  • Ne pas respecter les délais légaux (rétractation de 15 jours, homologation de 15 jours ouvrables) ;
  • Omettre de formaliser la date de rupture, ce qui ouvre la voie à un litige sur la validité ;
  • S’engager dans des démarches de création d’entreprise sans vérifier les obligations de loyauté ;
  • Signer sous pression ou sans délai de réflexion, ce qui pourrait motiver une contestation devant l’inspection du travail ou le conseil de prud’hommes.

Un accompagnement juridique est fortement recommandé, notamment lorsque des enjeux stratégiques (mobilité, reconversion, cumul d’activité) sont envisagés. Il est alors pertinent de prendre attache avec un avocat en droit du travail, particulièrement si des clauses sensibles figurent dans le contrat.

Travailler pendant une rupture conventionnelle est-il possible ?

La possibilité de travailler ailleurs pendant une rupture conventionnelle existe, mais demeure soumise à des conditions strictes. Le contrat de travail restant exécutoire jusqu’à la date convenue de rupture, toute activité parallèle doit être encadrée avec rigueur.

  • ✔ L’accord exprès de l’employeur est recommandé ;
  • ✔ Il convient de vérifier attentivement les clauses contractuelles en vigueur ;
  • ✔ La prudence est de mise pour éviter tout contentieux ultérieur.

Dans tous les cas, la meilleure précaution consiste à prendre attache avec un avocat en droit du travail, notamment en cas de mission parallèle, de projet de création d’entreprise ou de départ vers un nouvel employeur. Ce conseil personnalisé garantit la sécurité juridique de la transition professionnelle.