Salarié en parcours de PMA ou d’adoption : quelles nouvelles protections au travail ?

À retenir sur la protection du salarié en parcours de PMA ou d’adoption

  • Tout salarié en parcours de PMA ou en parcours d’adoption bénéficie désormais d’une protection contre les discriminations, comme les salariées enceintes.
  • L’employeur ne peut pas refuser une embauche, rompre un contrat ou modifier les conditions de travail pour ce motif.
  • Le salarié concerné dispose de droits à des absences rémunérées, assimilées à du temps de travail effectif.
  • Le projet parental reste confidentiel, sauf si le salarié souhaite faire valoir ses droits spécifiques.
  • En cas de licenciement ou mesure défavorable, la décision est nulle et l’employeur s’expose à des sanctions civiles et pénales.

L’adoption de la loi n° 2025-595 du 30 juin 2025, entrée en vigueur le 2 juillet 2025, marque une étape importante dans la protection des salariés. Elle élargit le champ des garanties existantes en matière de non-discrimination et d’autorisations d’absence. Cette réforme, qui concerne désormais tout salarié en parcours de PMA ou tout salarié en parcours d’adoption, impose aux employeurs des obligations accrues et appelle à une vigilance particulière en droit du travail.

Un renforcement de la lutte contre les discriminations

Une extension du champ des salariés protégés

Jusqu’alors, la protection prévue par l’article L. 1225-3-1 du Code du travail ne concernait que les salariées bénéficiant d’une assistance médicale à la procréation (AMP). Depuis la loi du 30 juin 2025, cette garantie s’applique à :

  • tout salarié, homme ou femme, engagé dans un projet de procréation médicalement assistée au sens de l’article L. 2141-1 du Code de la santé publique ;
  • tout salarié engagé dans une procédure d’adoption au sens du titre VIII du livre Ier du Code civil.

Autrement dit, la protection n’est plus réservée aux femmes. Désormais, un salarié en parcours de PMA ou un salarié en parcours d’adoption bénéficie des mêmes droits que les salariées enceintes en matière de non-discrimination.

Les articles applicables du Code du travail

La loi renvoie expressément aux articles L. 1225-1 à L. 1225-3, relatifs à la maternité :

  • Article L. 1225-1 : il est interdit de rompre le contrat de travail d’une salariée en état de grossesse médicalement constaté.
  • Article L. 1225-2 : aucun employeur ne peut prendre en considération l’état de grossesse pour refuser une embauche.
  • Article L. 1225-3 : les mutations ou affectations défavorables sont prohibées, sauf nécessité médicale.

En conséquence, l’employeur ne peut ni refuser une embauche, ni mettre fin à une période d’essai, ni sanctionner un salarié au motif qu’il est engagé dans un projet parental.

La consécration d’un droit à la confidentialité

L’absence d’obligation de révéler son projet parental

La loi reprend un principe déjà appliqué aux salariées enceintes : le salarié engagé dans un parcours de PMA ou d’adoption n’a aucune obligation de révéler sa situation. Cette confidentialité est essentielle pour garantir la neutralité du processus de recrutement ou d’évolution professionnelle.

Ainsi, sauf lorsqu’il demande à bénéficier des dispositions protectrices (par exemple pour obtenir des autorisations d’absence), le salarié n’est pas tenu d’informer son employeur de son projet parental.

La règle du doute en cas de litige

En cas de contentieux, la règle est claire : le doute profite au salarié. Si un employeur conteste la réalité de la discrimination, il lui appartiendra d’apporter la preuve que sa décision est étrangère à tout motif lié au projet de PMA ou d’adoption.

Le droit aux autorisations d’absence

Une généralisation des absences rémunérées

L’article L. 1225-16 du Code du travail a été modifié. Désormais, il ne vise plus uniquement « la salariée » mais « les salariés ». Tous les salariés engagés dans un projet parental peuvent ainsi bénéficier d’absences rémunérées pour se rendre à des rendez-vous médicaux ou administratifs liés à leur parcours.

Il est expressément prévu que :

  • ces absences n’entraînent aucune réduction de rémunération ;
  • elles sont assimilées à du temps de travail effectif pour le calcul des droits à congés payés et à ancienneté.

En pratique, un salarié qui s’absente pour un rendez-vous de PMA ou pour un entretien en vue d’une adoption ne peut subir aucune perte financière ou impact négatif sur sa carrière.

Un décret attendu pour l’adoption

La loi a prévu une mesure spécifique pour l’adoption. Les salariés engagés dans cette procédure bénéficient d’autorisations d’absence pour participer aux entretiens obligatoires liés à l’agrément prévu par l’article L. 225-2 du Code de l’action sociale et des familles. Toutefois, le nombre maximal de ces absences doit être fixé par décret, attendu prochainement.

Les obligations renforcées de l’employeur

Interdiction de rechercher des informations confidentielles

L’employeur ne peut en aucun cas chercher à obtenir des informations sur un éventuel projet parental d’un salarié. Toute enquête ou question intrusive constitue une atteinte à la vie privée et peut fonder une action en discrimination.

Protection contre le licenciement et les mesures défavorables

Un salarié en parcours de PMA ou un salarié en parcours d’adoption bénéficie d’une immunité comparable à celle d’une salariée enceinte. Il ne peut être licencié, sauf faute grave ou impossibilité de maintenir le contrat pour une cause étrangère au projet parental.

De plus, il ne peut subir de mutation ou d’affectation défavorable liée à son état, sauf si une raison médicale ou organisationnelle impérieuse le justifie.

Les sanctions encourues par l’employeur

La nullité des décisions discriminatoires

Toute rupture du contrat ou mesure défavorable prononcée en violation de ces dispositions est nulle. Le salarié pourra demander sa réintégration ou, à défaut, une indemnisation.

La responsabilité civile et pénale

  • Au civil, l’employeur peut être condamné à verser des dommages et intérêts en réparation du préjudice moral et financier.
  • Au pénal, l’article L. 1146-1 du Code du travail sanctionne les discriminations à 3 ans d’emprisonnement et 45 000 € d’amende.

Une avancée en faveur de l’égalité au travail

Un pas vers l’égalité réelle entre les salariés

La réforme s’inscrit dans une logique d’égalité entre les femmes et les hommes. En élargissant la protection aux salariés masculins et aux projets d’adoption, le législateur reconnaît que le projet parental, quelle qu’en soit la forme, ne doit pas constituer un frein dans la carrière professionnelle.

Une sécurisation bienvenue pour les salariés concernés

Pour les praticiens du droit du travail, cette réforme appelle à une vigilance accrue dans l’accompagnement des salariés et la prévention des discriminations. Les employeurs doivent mettre à jour leurs pratiques RH, former leurs managers et anticiper les demandes d’absence.

La loi n° 2025-595 du 30 juin 2025 ouvre une nouvelle ère de protection pour tout salarié en parcours de PMA ou tout salarié en parcours d’adoption. Désormais, les garanties qui entouraient la maternité sont transposées à l’ensemble des projets parentaux.

Cette évolution, à la fois symbolique et concrète, impose aux employeurs une vigilance accrue. Pour les salariés, elle constitue un socle de sécurité juridique et un gage d’égalité. En cas de litige, il conviendra d’examiner attentivement la mise en œuvre de ces dispositions et d’en assurer le respect devant les juridictions prud’homales si nécessaire.

FAQ sur les droits du salarié en parcours de PMA ou d’adoption

Un salarié en parcours de PMA bénéficie-t-il d’une protection particulière ?

Oui. Depuis la loi n° 2025-595 du 30 juin 2025, tout salarié en parcours de PMA bénéficie d’une protection équivalente à celle accordée aux salariées enceintes. L’employeur ne peut pas refuser une embauche, rompre le contrat ou prononcer une mutation pour ce motif. Toute décision discriminatoire est nulle.

Le salarié en parcours d’adoption est-il également concerné ?

Oui. La loi étend la protection à tout salarié en parcours d’adoption, qu’il soit homme ou femme. Les autorisations d’absence incluent les rendez-vous obligatoires pour l’agrément d’adoption, dont le nombre sera précisé par décret.

L’employeur peut-il demander à un salarié de révéler son projet parental ?

Non. Le salarié n’a aucune obligation de révéler son projet de PMA ou d’adoption. L’information est strictement confidentielle. Le salarié peut choisir de ne le mentionner que pour bénéficier des autorisations d’absence prévues par le Code du travail.

Les absences pour PMA ou adoption sont-elles rémunérées ?

Oui. Les articles L. 1225-16 et suivants du Code du travail prévoient que ces absences sont rémunérées. Elles sont assimilées à du temps de travail effectif pour le calcul des congés payés et de l’ancienneté.

Quels sont les cas où l’employeur peut licencier un salarié en parcours de PMA ou d’adoption ?

Le licenciement est strictement encadré. Il n’est possible qu’en cas de faute grave du salarié ou d’impossibilité de maintenir le contrat pour un motif étranger au projet parental. Tout licenciement en lien avec le parcours de PMA ou d’adoption est nul.

Que risque l’employeur en cas de discrimination liée à un projet parental ?

L’employeur s’expose à des sanctions civiles (dommages et intérêts, réintégration) et pénales. L’article L. 1146-1 du Code du travail prévoit jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et 45 000 € d’amende pour discrimination.

Le salarié en parcours de PMA ou d’adoption a-t-il droit à des congés spécifiques ?

Il ne s’agit pas de congés à proprement parler mais d’autorisations d’absence rémunérées. Pour l’adoption, des congés spécifiques existent par ailleurs (congé d’adoption prévu à l’article L. 1225-37 du Code du travail), qui se cumulent avec ces autorisations d’absence.

Que faire en cas de litige entre salarié et employeur sur ce sujet ?

Le salarié peut saisir le conseil de prud’hommes pour faire valoir ses droits. En cas de doute sur la discrimination, la règle est que le doute profite au salarié. L’employeur doit prouver que sa décision est étrangère au projet parental.