La nouvelle procédure de saisie des rémunérations depuis juillet 2025

L’essentiel à retenir sur la saisie des rémunérations depuis juillet 2025

  • La nouvelle procédure de saisie des rémunérations est entrée en vigueur le 1er juillet 2025 et a été précisée par la Chambre nationale des commissaires de justice.
  • Le créancier doit obligatoirement disposer d’un titre exécutoire pour engager une saisie (jugement, ordonnance, injonction de payer définitive).
  • La procédure se déroule en quatre étapes : commandement de payer, délai d’un mois, confirmation dans les trois mois, puis procès-verbal de saisie remis à l’employeur.
  • Le registre numérique des saisies des rémunérations, nouveauté de la réforme, centralise désormais l’inscription des procès-verbaux, accessible uniquement aux commissaires de justice.
  • Le commissaire de justice répartiteur remplace le greffe du tribunal pour collecter et reverser les fonds, tandis que les règles protectrices du salarié (quotité insaisissable, contrôle du juge) demeurent inchangées.

Un changement procédural majeur en droit du travail et de l’exécution

Depuis le 1er juillet 2025, la procédure de saisie des rémunérations a été profondément réformée. La Chambre nationale des commissaires de justice (CNCJ), alertée par des imprécisions relayées dans la presse, a publié un communiqué le 29 juillet 2025 pour préciser le mode opératoire exact. Cette clarification est indispensable pour les créanciers, les employeurs, mais également pour les salariés concernés.

Cette réforme vise à fluidifier la procédure, renforcer la sécurité juridique et clarifier le rôle de chaque intervenant. Elle ne remet pas en cause les principes protecteurs liés au caractère alimentaire du salaire, mais elle redistribue certaines compétences, notamment entre le greffe et les commissaires de justice.

Le cadre légal de la saisie des rémunérations

Un mécanisme encadré par le Code du travail et le Code des procédures civiles d’exécution

La saisie des rémunérations est une mesure d’exécution forcée prévue aux articles L. 3252-1 et suivants du Code du travail, ainsi qu’aux articles L. 211-1 et suivants du Code des procédures civiles d’exécution. Elle permet à un créancier, muni d’un titre exécutoire, d’obtenir le paiement de sa créance directement par prélèvement sur le salaire ou sur les revenus assimilés du débiteur.

Les quotités saisissables demeurent strictement encadrées (art. R. 3252-2 du Code du travail). Elles varient selon la rémunération nette et la situation familiale du débiteur, afin de préserver un « reste à vivre » suffisant. La réforme de 2025 ne modifie pas ces barèmes protecteurs.

Le déroulement de la nouvelle procédure en quatre étapes

Première étape : l’obtention d’un titre exécutoire

Aucun créancier ne peut engager une saisie des rémunérations sans titre exécutoire. Il peut s’agir :

  • d’un jugement condamnant le débiteur ;
  • d’une ordonnance de référé ;
  • d’une injonction de payer devenue définitive.

L’intervention préalable du juge reste donc une exigence absolue. Sans ce titre, aucune mesure ne peut être poursuivie.

Deuxième étape : le commandement de payer

Une fois le titre en main, le créancier mandate un commissaire de justice pour délivrer au débiteur un commandement de payer. Le débiteur dispose alors d’un délai d’un mois pour :

  • s’acquitter volontairement de sa dette ;
  • conclure un accord amiable avec son créancier ;
  • ou contester la procédure devant le juge de l’exécution.

Ce délai constitue une étape clé puisqu’il ouvre encore la voie à un règlement amiable.

Troisième étape : la confirmation du créancier dans les trois mois

À défaut d’accord ou de règlement, le créancier doit confirmer sa volonté de poursuivre dans un délai de trois mois à compter du commandement. S’il ne le fait pas, la procédure devient caduque.

En cas de confirmation, le commissaire de justice dresse un procès-verbal de saisie qu’il remet à l’employeur du débiteur, soit en main propre, soit par voie dématérialisée (sous réserve de l’accord de l’employeur). Ce procès-verbal doit obligatoirement être inscrit sur le registre numérique des saisies des rémunérations, créé par la réforme. À défaut, la saisie est nulle.

Quatrième étape : la mise en œuvre par le commissaire répartiteur

C’est désormais le commissaire de justice répartiteur qui centralise les paiements. Il reçoit les sommes retenues par l’employeur et les reverse au créancier. Auparavant, cette mission était assurée par le greffe du tribunal judiciaire. Cette évolution vise à simplifier et accélérer la chaîne de reversement.

Les frais de justice restent supportés par le débiteur, conformément aux principes du droit de l’exécution.

Le rôle de l’employeur dans la nouvelle procédure

L’employeur se trouve au cœur du dispositif puisqu’il devient le tiers-saisi chargé d’exécuter les retenues sur salaire.

  • Il doit respecter strictement les indications du procès-verbal.
  • Il est tenu d’opérer les retenues dans la limite des quotités saisissables fixées par décret.
  • En cas de manquement, sa responsabilité civile peut être engagée.

Il est donc crucial pour les entreprises d’être informées de leurs obligations afin d’éviter tout contentieux.

Les garanties maintenues pour le salarié débiteur

Une protection liée au caractère alimentaire des salaires

Le législateur rappelle que les rémunérations ont un caractère alimentaire. À ce titre, une part incompressible demeure insaisissable. L’article L. 3252-3 du Code du travail garantit que le salarié conserve un minimum vital, équivalent au montant du revenu de solidarité active (RSA).

Un contrôle permanent du juge

Le juge de l’exécution conserve son rôle de garant. Il peut être saisi à chaque étape pour :

  • contrôler la régularité de la procédure ;
  • examiner les contestations du débiteur ;
  • autoriser des aménagements ou des délais de paiement.

Cette présence judiciaire limite les abus et préserve les droits fondamentaux du salarié débiteur.

Les causes fréquentes de saisie des rémunérations

La saisie des rémunérations peut concerner de nombreuses dettes, qu’elles soient civiles ou liées à la vie quotidienne :

  • loyers et charges impayés ;
  • crédits bancaires non remboursés ;
  • factures en souffrance ;
  • pensions alimentaires ;
  • dettes fiscales et sociales.

Dans tous ces cas, la réforme de 2025 impose de suivre la procédure en quatre étapes précises.

Les enjeux pratiques pour les différents acteurs

Pour les créanciers

La réforme clarifie les délais et recentre la procédure autour du commissaire de justice, qui devient l’interlocuteur unique.

Pour les employeurs

Ils doivent intégrer ce nouveau mode opératoire et sécuriser leurs pratiques internes (respect des délais, conformité des retenues).

Pour les salariés débiteurs

Ils conservent la garantie d’un reste à vivre et le droit de contester la saisie. La réforme ne les prive donc pas de protection.

Pour les praticiens du droit

Avocats, commissaires de justice et conseillers prud’homaux doivent maîtriser ce nouveau cadre afin d’accompagner efficacement leurs clients, qu’ils soient débiteurs, créanciers ou employeurs.

La réforme du 1er juillet 2025 marque une évolution importante de la procédure de saisie des rémunérations. Si elle simplifie et modernise le processus par la création d’un registre numérique et par la centralisation des paiements auprès du commissaire de justice, elle maintient les garde-fous essentiels liés à la protection des salaires.

Employeurs, salariés et créanciers doivent être vigilants : la maîtrise de ce nouveau dispositif conditionne la régularité des saisies et la sécurité juridique des opérations. Pour tout accompagnement, le recours à un avocat en droit du travail et droit de l’exécution reste la meilleure garantie de défense et de conseil éclairé.

FAQ sur la nouvelle procédure de saisie des rémunérations

1. Quelles sont les conditions pour engager une saisie des rémunérations ?

Le créancier doit impérativement disposer d’un titre exécutoire (jugement, ordonnance, injonction de payer définitive). Sans ce document, aucune saisie ne peut être poursuivie, conformément à l’article L. 111-2 du Code des procédures civiles d’exécution.

2. Quel est le rôle de l’employeur en cas de saisie sur salaire ?

L’employeur, en tant que tiers-saisi, doit exécuter les retenues indiquées dans le procès-verbal délivré par le commissaire de justice. Il doit respecter les quotités saisissables fixées par décret. Un manquement peut engager sa responsabilité.

3. Le salarié peut-il contester la saisie de ses rémunérations ?

Oui. Le salarié peut saisir le juge de l’exécution pour contester la régularité de la procédure, demander des délais de paiement ou vérifier le respect des règles de calcul. Ce recours est prévu par les articles L. 213-6 et suivants du Code de l’organisation judiciaire.

4. Quelle part du salaire reste insaisissable ?

Une quotité insaisissable est toujours maintenue afin de garantir un minimum vital au salarié débiteur. L’article L. 3252-3 du Code du travail prévoit qu’il conserve au moins l’équivalent du revenu de solidarité active (RSA).

5. Quels types de dettes peuvent donner lieu à une saisie sur salaire ?

La saisie des rémunérations peut concerner de nombreuses dettes : loyers impayés, crédits bancaires, factures, pensions alimentaires, dettes fiscales ou sociales. Dans tous les cas, la procédure doit suivre les étapes prévues par la réforme entrée en vigueur le 1er juillet 2025.