Panorama express des nouveautés sociale à partir du 1er Juillet 2025
- Canicule : un nouveau chapitre « épisodes de chaleur intense » oblige l’employeur à anticiper, prévenir et documenter les risques thermiques.
- Apprentissage : reste à charge forfaitaire de 750 € pour chaque contrat visant un diplôme de niveau 6 ou plus, avec un calendrier de versement refondu.
- Arrêts maladie : formulaire Cerfa « ultra-sécurisé » obligatoire au 1ᵉʳ septembre 2025 pour toute prescription papier, sous peine de rejet automatique.
- Saisie des rémunérations : transfert intégral aux commissaires de justice, nouveau registre numérique national et amende civile portée à 10 000 € en cas de retard de versement.
Episodes de chaleur intense : la sécurité thermique devient normative
Obligation d’évaluer et de tracer le risque
Le Code du travail consacre désormais le chapitre III du titre VI (articles R. 4463-1 s.).
- Définition légale : un « épisode de chaleur intense » est déclenché dès la vigilance jaune Météo-France.
- Document unique (DUERP) : le risque chaleur doit être identifié, analysé et mis à jour chaque année ; l’absence d’évaluation expose à mise en demeure puis procès-verbal pénal.
- Plan de prévention : le plan général de coordination (BTP), le plan particulier de sécurité et le plan de prévention entreprises extérieures doivent intégrer des mesures thermiques.
Mesures obligatoires et recommandations
Axe |
Exemples d’actions exigées |
Technique |
Ventilation adiabatique, barrières d’ombre, isolation des toitures, bâches réfléchissantes |
Organisation |
Décalage d’horaires (6 h-13 h), pauses climatisées, rotation des tâches, télétravail pour les postes compatibles |
Hydratation |
Eau potable fraîche à discrétion ; sur chantier sans réseau : 3 litres/jour/personne, stockage isotherme |
EPI adaptés |
Casques ventilés, vêtements haute visibilité anti-UV, gants respirants, lunettes polarisées |
Information |
Affichage des symptômes, briefing quotidien, fiche réflexe multilingue |
Protection des salariés vulnérables
Dès qu’une grossesse, une pathologie cardio-vasculaire ou une prise médicamenteuse photosensibilisante est connue, l’employeur doit :
- saisir le service de prévention et de santé au travail ;
- adapter le poste ou autoriser l’absence rémunérée si aucune solution n’est possible.
Sanctions
- Inspection du travail : mise en demeure avec délai de huit jours.
- Amende pénale : contravention de 5ᵉ classe par salarié concerné.
- Fermeture de chantier possible en cas de danger imminent (art. L. 4721-8 CT).
Contrats d’apprentissage : le reste à charge de 750 € devient la règle
Champ d’application
- Contrats conclus à compter du 1ᵉʳ juillet 2025.
- Diplômes ou titres niveau 6 ou supérieur (Licence, Master, école d’ingénieurs, etc.).
- Tous secteurs et toutes entreprises, y compris celles de moins de onze salariés.
Modalités financières
Échéance |
% du niveau de prise en charge OPCO |
Spécificités |
Signature |
40 % |
Advance supplémentaire automatique |
7ᵉ mois |
30 % |
Ajustement prorata temporis |
10ᵉ mois |
20 % |
Déblocage conditionné au suivi CFA |
Fin d’année ou fin de contrat |
10 % |
Sur présentation de l’attestation de service fait |
Participation employeur :
- 750 € facturés par le CFA à l’issue des 45 jours de période d’essai.
- Réduction à 50 % en cas de rupture durant cette période ; 200 € seulement lors d’une re-signature avec un nouvel employeur.
Points de vigilance RH
- Anticiper le flux de trésorerie : compte 647 « Autres charges sociales ».
- Vérifier la bonne émission de la facture CFA et le paiement avant clôture fiscale.
- Mettre à jour les modèles de contrat et la communication candidat / manager.
Arrêts de travail : le Cerfa haute sécurité devient incontournable
Nouveaux standards du formulaire
- 7 points d’authentification : hologramme, micro-textes, encres magnétiques, numérotation séquentielle, etc.
- Prescription papier interdite sur ancien modèle à compter du 1ᵉʳ septembre 2025.
- Exception : télé-prescription dématérialisée via « AAT » (arrêt en télé-service).
Obligations pour l’employeur
- Contrôle documentaire : exiger l’original avant saisie paie.
- Transmission DSN événementielle sous cinq jours avec code motif 01.
- Archivage : conservation physique dix ans ; scan possible si coffre-fort numérique certifié NF Z42-020.
- Refus motivé : si le formulaire est non conforme, informer le salarié et la CPAM (canal « Maladie – signalement erreur »).
Sanctions
Un arrêt papier non sécurisé non remplacé sous 48 h peut suspendre l’indemnisation IJSS ; l’employeur qui paye le maintien de salaire sans justificatif encourt un redressement Urssaf pour avantage injustifié.
Saisie des rémunérations : un procédé entièrement refondu
Nouvelles autorités et flux dématérialisés
- Commissaire de justice mandant : émet le commandement de payer ; inscrit la procédure au registre numérique national.
- Commissaire de justice répartiteur : reçoit les retenues mensuelles, répartit entre créanciers, tient la comptabilité fiduciaire.
- Greffe du tribunal : rôle résiduel (contestations judiciaires uniquement).
Circuit pour l’employeur-tiers saisi
Étape |
Délai |
Action obligatoire |
Réception du procès-verbal de saisie |
Jour J |
Identifier la fraction saisissable (barème 2025 : de 102,93 € à 1 965,70 € mensuels) |
Transmission des renseignements au commissaire |
15 jours |
Indiquer le montant net, les avantages en nature et la mutuelle salariale |
Premier versement |
30 jours maxi |
Virement sur le compte Carpa ou Trésor du commissaire de justice |
Versements suivants |
Mensuels |
Ajustement automatique en cas de changement de salaire |
Amende civile : jusqu’à 10 000 € pour retard ou défaut de versement.
Cumul : en présence d’une saisie administrative à tiers détenteur (ATD Trésor) ou d’un paiement direct de pension alimentaire, le commissaire établit la hiérarchie des créances ; l’employeur continue d’opérer la partie saisissable.
Gestion logicielle
- Créer un nouveau profil « Commissaire de justice » dans le paramétrage paie ;
- Automatiser la clé RIB par identification du registre (ID RN-SR).
- Mettre à jour les états post-paie de type « Balance tiers saisie ».
Versement mobilité et cotisation AGS : chiffres clés à intégrer
Nouveaux périmètres VM/VMA
- SYTRAL Mobilités (69) : passage de 2,00 % à 2,10 %.
- Grand Montauban (82) : création à 0,90 %.
- Thonon Agglomération (74) : hausse à 1,00 %.
Pensez à recalculer l’historique si vos salariés changent de lieu de travail après le 1ᵉʳ juillet.
Maintien du taux AGS
La cotisation reste à 0,25 %, assiette plafonnée à 15 700 € mensuels (4 PASS). Aucune mise à jour de logiciel mais contrôle DSN recommandé.
Feuille de route RH et conseils d’avocat
Sécuriser la conformité documentaire
- Risque chaleur : annexer au DUERP le tableau d’évaluation, nommer un référent « point frais », prévoir 30 minutes de pause climat par demi-journée.
- Apprentissage : intégrer la clause de reste à charge dans la lettre d’engagement, suivre le tableau de bord OPCO pour la levée du solde.
- Cerfa maladie : afficher une note de service au personnel médical interne et aux salariés précisant la date butoir du 31 août.
- Saisies : former le gestionnaire paie, paramétrer alertes de virement J-2 ; garder une trace écrite de tout échange avec le commissaire.
- VM/VMA : surveiller les délibérations locales publiées au recueil des actes administratifs ; mettre en veille réglementaire.
- Audit interne : avant 30 septembre, réaliser un audit flash « Réformes 1 juillet 2025 » pour identifier les écarts et plan d’action.
Anticiper les contrôles
- Inspection du travail : focalisation annoncée sur la protection chaleur et sur l’exactitude des saisies sur salaire post-réforme.
- Urssaf : contrôles ciblés Cerfa arrêts ; vérification des restes à charge apprentissage.
- Commissaires de justice : peuvent signaler les retards de paiement au procureur de la République (art. L. 212-14 CPCE).
Conclusion : transformer la contrainte en avantage compétitif
Ces textes redessinent la frontière entre gestion administrative et obligation sanitaire ; ils renforcent la traçabilité financière (saisie), la sécurité documentaire (Cerfa), la prévention chaleur et la contribution à la formation supérieure. Les entreprises qui saisiront l’occasion de numériser leurs processus, de former leurs managers et d’impliquer leurs IRP disposeront d’un avantage compétitif : moins de litiges, une marque employeur renforcée et une conformité durablement maîtrisée.